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REER : voir au-delà du remboursement d’impôt

Emmanuelle Gril | paru le 14 février 2024 dans Protégez-Vous

Investir dans vos REER vaut la peine, même si vous avez de faibles revenus.

REER : voir au-delà du remboursement d’impôt | Protégez-Vous.ca (protegez-vous.ca)

Pendant longtemps, j’ai cotisé à mes REER de façon anarchique. Comme bien des Québécois, je me réveillais en sursaut en février et me dépêchais de verser le montant que j’avais réussi à mettre de côté durant l’année, qui variait d’une fois à l’autre. Tout a changé quand je me suis adjoint les services d’un planificateur financier.

Désormais, je suis très disciplinée, et un certain montant est prélevé automatiquement sur mon compte chaque mois pour être déposé dans mon REER. J’ai le sentiment du devoir accompli : je planifie ma retraite tout en diminuant ma facture fiscale. Bref, je dors sur mes deux oreilles sans me soucier de la date fatidique du 29 février.

Économies d’impôt, et bien plus

Comme la plupart des gens, je sais que les REER permettent de réduire le revenu imposable, et donc l’impôt dû au fisc. Par conséquent, en cotisant, on peut éventuellement recevoir un remboursement d’impôt. Si on est particulièrement raisonnable, on investira à nouveau ce montant dans son REER pour maximiser ses cotisations.

Ce beau chèque des autorités fiscales n’est toutefois pas le seul élément important à considérer. Car, pour savoir exactement quelles sont les retombées de la cotisation REER pour nous, « il faut aussi considérer notre taux effectif marginal d’imposition (TEMI) », souligne Jean-Philippe Vézina, fiscaliste et planificateur financier au sein de l’Équipe Jean-Maurice Vézina.

Le TEMI mesure le taux de charge fiscale sur un revenu supplémentaire. Cela signifie que, lorsque le revenu de travail diminue, les impôts sur le revenu et les cotisations sociales vont eux aussi diminuer, alors que les prestations sociofiscales vont augmenter. Cotiser à votre REER peut donc vous rapporter bien davantage qu’un simple remboursement d’impôt.

Deux cas de figure

Les deux exemples ci-dessous en font la démonstration.

Premier cas. Jean gagne 60 000 $ par année, et Jeanne, 40 000 $. Ils ont deux enfants de moins de six ans. Si le couple versait un total de 3 000 $ dans ses REER, il paierait 22 938 $ en impôt et cotisations au lieu de 24 021 $, donc 1 083 $ de moins que s’il n’avait rien versé dans ses REER. Qui plus est, cela permettrait à Jeanne et à Jean de bonifier de 291 $ les mesures sociofiscales auxquelles ils ont droit (allocation familiale canadienne et allocation famille Québec).

Deuxième cas. Jeanne est la mère monoparentale de deux enfants de moins de six ans. Elle gagne un revenu de 65 000 $ par année. En versant 3 500 $ dans son REER, elle paierait 14 361 $ en impôt et cotisations au lieu de 15 625 $. Ses mesures sociofiscales seraient bonifiées de 788 $ (allocation familiale canadienne, allocation famille Québec, crédit de TPS, bon d’études canadien, subvention canadienne pour l’épargne-études et incitatif québécois à l’épargne-études).

Le coût réel de sa cotisation REER serait donc de 1 449 $, soit une économie réelle totale de 58,6 %.

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Intéressant pour les revenus modestes

Jean-Philippe Vézina rappelle que l’impact positif sur les mesures sociofiscales ne se limite pas qu’aux allocations familiales des deux paliers de gouvernement, et qu’il faut aussi prendre en considération le crédit de solidarité, le remboursement de TPS, le crédit pour frais médicaux, la Subvention canadienne pour l’épargne-études, l’Incitatif québécois à l’épargne-études et l’accès au Bon d’études canadien, notamment.

Compte tenu de la structure fiscale du Québec, les familles aux moyens modestes, en particulier celles avec des enfants ou monoparentales, tireront tout particulièrement avantage à réduire leurs revenus imposables par le biais du REER. Il est donc faux de croire que seuls les ménages avec des revenus élevés ont intérêt à cotiser.

Précisons d’ailleurs que, selon le Bilan de la fiscalité – Édition 2024 réalisé par la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, le Québec fait partie de l’un des meilleurs endroits où vivre sur les 38 pays membres de l’OCDE, en termes de charge fiscale nette (impôt sur le revenu + cotisations sociales – prestations sociofiscales) pour les familles monoparentales et les couples avec enfants (surtout ceux avec un seul revenu). Si c’est votre cas, n’hésitez plus et cotisez ! Même un petit montant chaque mois pourrait faire la différence.

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